Interview Marie-Noëlle Reboulet, présidente du Geres
• En tant que présidente de l’association Gérès pourriez-vous nous conseiller quelques petits gestes du quotidien qui ont un impact positif sur le climat ?
Au Geres nous proposons toute une série d’actions pour le climat, 80 au total en ligne à ce jour sur notre site, dont 25 très récentes. Je vous en propose 4 que je trouve particulièrement utiles pour le climat, accessibles à tout le monde, et bonnes pour le porte-monnaie. Et au Geres, on ne vous dit pas seulement ce qu’il faudrait faire, on vous dit aussi comment y parvenir, quand vous vous engagez pour une de ces actions, vous recevez un message précis et concret de conseils et d’adresses utiles.
« manger végétarien au moins une fois par semaine«
« se rafraichir sans utiliser la climatisation«
« pratiquer l’éco-conduite au quotidien«
et pour savoir où on en est, comment améliorer ses résultats : « calculer son empreinte carbone »
• Pourriez vous nous présenter le programme EmpowerMed ?
En région Sud, 162000 ménages sont en situation de pauvreté énergétique. L’avantage du climat méditerranéen se traduit par moins d’efforts d’isolation et un faible confort d’été : températures élevées, surconsommations du froid et climatisations mobiles peu efficaces et polluantes.
Le Geres travaille depuis de nombreuses années contre la précarité énergétique sur la métropole marseillaise, nous avons développé avec d’autres associations nationales un parcours spécifique : repérage des ménages par un réseau d’acteurs-relais, visites bilan-énergie à domicile avec installation de petits équipements et apprentissage d’« éco-gestes », puis orientation vers des dispositifs pour aller plus loin (rénovation, mobilisation des propriétaires, accompagnement social…). Le programme EmpowerMed s’inscrit dans la suite de ce travail. C’est un programme européen qui associe des homologues de la Méditerranée (slovène, croate, italiens, espagnols, albanais) et une organisation de femmes européenne basée en Allemagne. Sur Marseille, EmpowerMed vise à déployer des solutions individuelles et collectives contre la précarité énergétique, avec prise en compte du genre et donc une attention plus spécifique aux femmes, mais aussi la mobilisation des acteurs de la santé et la préfiguration d’un fonds d’aide aux travaux de première nécessité, en particulier pour les ménages locataires.
• Pourriez vous vous présenter ?
J’ai 60 ans et je vis en famille entre Paris et la Drôme. Je suis présidente du Geres depuis 2017. Je suis devenue membre de l’association en 2013 après avoir été déléguée générale d’une fondation aujourd’hui disparue dédiée à l’accès à l’énergie en Afrique et qui soutenait le Geres. Les énergies renouvelables et la solidarité internationale sont deux thèmes sur lesquels je suis engagée depuis plusieurs décennies, à titre professionnel et à titre associatif, le Geres est donc, avec la cause de la solidarité climatique, le lieu parfait, à mes yeux, pour agir autant que possible dans le bon sens. J’ai une formation d’agronome, mais j’ai aussi fait un DESS Economie du développement et, plus récemment, un Master de sciences sociales à l’EHESS.
• Mon confinement
J’ai la chance d’être confinée à la campagne. Je jardine souvent et une chose qui m’a inquiétée pendant toute cette période a été l’absence de pluie pendant des semaines alors qu’on est au printemps. Quand je vois les agriculteurs de la Drôme arroser le blé je m’interroge. L’ambiance estivale en avril est évidemment agréable pour le confinement mais aussi signe de changements climatiques majeurs, même si bien sûr il ne faut pas confondre la météo du jour avec le climat dans son ensemble.
• La question que vous vous posez en ce moment ?
Je me pose deux questions.
En tant que présidente du Geres, je me préoccupe, avec toute notre équipe, de comment mieux adapter notre organisation et nos actions au contexte actuel, pour répondre toujours mieux aux besoins d’accès à l’énergie des personnes avec lesquelles nous travaillons, personnes particulièrement touchées par les conséquences à la fois sanitaires, sociales et économiques de la pandémie, que ce soit en France, en Asie ou en Afrique.
Et plus globalement, et c’est lié, comment effectuer le passage d’une économie carbonée et en crise grave à une économie moins consommatrice de ressources et moins émettrice de gaz à effet de serre, tout en préservant les emplois et en assurant des revenus décents pour toutes et tous ? On voit d’où on part, on a une idée de ce qu’on voudrait, mais est-ce qu’on saura se donner les moyens de réduire toutes les formes d’inégalités pour passer d’une situation à l’autre dans un temps relativement court (les concentrations de CO2 croissent) sans violences aux conséquences désastreuses, et ce bien entendu à l’échelle planétaire puisque le climat ne connait pas les frontières ?