Portrait adhérente : Elise

⭐Peux-tu te présenter (parcours, activité…) ?

J’ai bientôt 48 ans et je suis praticienne en massages et enseignante de yoga depuis 3 ans.

Auparavant, j’ai travaillé dans l’univers de la publicité et des médias. Après quelques années en régie publicitaire, puis dans une grande agence media parisienne, j’ai l’opportunité de rejoindre l’agence Sud-Est, basée à Marseille, pour accompagner des clients locaux dans leur communication sur tous types de medias (off et on-line). J’ai pris la direction de cette agence en 2012 et vécu des années très stimulantes, pleines de découvertes et de challenges, avec une petite équipe formidable.

En janvier 2018, on me découvre un mélanome. Après l’intervention chirurgicale, on m’enlève à chaque rendez-vous un nouveau grain de beauté pour analyse. Pendant environ 1 an, j’ai en permanence des points de suture, quelque part sur le corps Mon rapport au corps change, j’ai l’impression de perdre le lien. Il devient un objet à soigner. Je ne suis pas arrêtée très longtemps (peut-être trois semaines en cumulé), et je reprends le travail en essayant de faire comme si tout allait bien. Mais le stress est intense, je traverse des moments de grande solitude (bien qu’entourée de ma famille et de mes amis). Il y a des remises en question inévitables quand on pose le diagnostic du cancer. Beaucoup de choses perdent du sens ou de l’importance. Et mon besoin de changement est sûrement parti de cette vulnérabilité, ressentie à ce moment-là.

J’ai négocié mon départ fin 2019, sans idée encore clairement définie mais avec l’envie de « prendre soin ». Pratiquante de yoga depuis plusieurs années, et intéressée depuis toujours par les médecines douces (avec une maman sage-femme), je me suis naturellement tournée vers des méthodes bienveillantes pour construire mon projet de reconversion professionnelle dans le Yoga, le bien-être et la beauté naturelle.

Je démarre mes formations en Yoga du Visage, en massage durant l’année 2020. Et je lance ma nouvelle activité, malgré une période compliquée, compte tenu du Covid.

⭐ Comment as-tu fait pour lancer ton activité ? Est-ce que tu as été accompagnée par un organisme ?

Pour rendre cette reconversion possible, j’avais besoin de me former avant tout. J’ai fait mes recherches seule, contacté des personnes qui évoluaient dans cet univers, via les réseaux sociaux. J’ai identifié les premières formations qui m’intéressaient ainsi.

Après quelques renseignements auprès de la CCI, j’ai opté pour le statut de la micro-entreprise, qui était simple pour démarrer et me permettait de tester la viabilité de ma reconversion sans engager trop de frais, dans un contexte incertain.

⭐ Comment as-tu fait financièrement ? Est-ce que tu avais des allocations Pole-Emploi ou un job en parallèle lors du lancement de ton activité ?

Après 20 années en tant que salariée, je disposais d’un compte CPF que j’ai pu mobiliser pour certaines formations. Et j’ai financé personnellement toutes les autres, .

Ayant bénéficié d’une rupture conventionnelle, j’ai pu m’inscrire à Pôle Emploi. Cela m’a permis de bénéficier au lancement de mon activité de cotisations sociales minorées sur les trois premiers trimestres, et d’une sécurité financière lorsque le chiffre d’affaires n’était pas suffisant.

⭐Comment organises tu ta vie ? Quelle place laisses tu à ton travail, ta famille / amis, tes loisirs ?

J’aimerais dire que ma vie est hyper bien organisée, que j’ai du temps pour tout le monde. Mais en réalité, la place du travail est toujours très importante. J’ai toujours « beaucoup » travaillé, je suis perfectionniste et c’est quelque chose que j’ai du mal à contenir.

Dans l’auto-entreprenariat, il y a toujours quelque chose à faire et on est seule ! Gestion du site internet, comptabilité, communication et réseaux sociaux, préparation des cours de yoga et des ateliers, logistique propre à l’activité de massage, formations… Il n’y a pas une seule journée où je ne pense pas au travail. C’est peut-être dû aussi au fait que mes loisirs (yoga) et mon activité se sont mélangés. J’essaye malgré tout de garder un temps pour ma pratique personnelle, en plus de la préparation des cours.

C’est parfois frustrant de se dire qu’avec la liberté de l’auto-entreprise, on n’arrive pas à se dégager autant de temps qu’on le voudrait, pour soi et pour les autres. J’ai quand même la satisfaction d’avoir été davantage présente pour ma famille ces trois dernières années, moi qui étais sans cesse en déplacement et rarement à la maison avant 20h.

⭐Sur quels aspects de ta vie acceptes tu de lâcher prise ?

Avec ce changement de vie, j’ai clairement lâché prise sur le jugement des autres, alors que ça avait toujours eu une grande importance pour moi. J’ai eu beaucoup de craintes au moment de cette reconversion. Qu’allait penser mon entourage à l’annonce de ma décision de quitter un poste valorisant et financièrement intéressant pour un projet incertain ? J’ai évidemment eu droit à des remarques maladroites, mais j’ai réussi à passer au-dessus de tout ça.

Au final, s’affranchir du regard et des attentes des autres, c’est très libérateur. Je le dis a posteriori, mais sur le moment, ça m’a demandé un gros travail de lâcher-prise.

⭐Que fais-tu pour te détendre et pour trouver de l’énergie au quotidien ?

C’est le grand avantage de travailler désormais dans le bien-être et le yoga ! Je prends soin des autres, mais de moi également. J’ai plein de ressources pour me détendre et me recharger, surtout que c’est un métier dans lequel on donne beaucoup d’énergie.

Je pratique beaucoup certaines respirations dynamiques du yoga hormonal qui me reboostent le matin. Au quotidien, j’a vraiment intégré l’automassage dans mes rituels : une quinzaine de minutes le matin pour le corps, une quinzaine de minutes le soir pour le visage. Ça peut sembler beaucoup, mais on trouve facilement du temps pour les choses qui nous font du bien. Je préfère prendre ce temps pour moi, plutôt que de scroller sur les réseaux sociaux.

⭐ Quels sont les services que tu proposes ? A qui ils s’adressent ?

Aujourd’hui, j’ai structuré mon projet autour de l’accompagnement féminin. J’essaye d’aider les femmes à se sentir bien dans leur peau, dans leur corps et dans leur âge, quelque soit l’étape de vie qu’elle traverse (puberté, cycles, fertilité, problèmes hormonaux, péri ménopause et ménopause…)

Cela passe par mes pratiques de Yoga, plutôt considérées comme des pratiques thérapeutiques :

Yoga de la Femme, une pratique douce qui invite chaque femme à se reconnecter à son propre cycle, à en comprendre les différentes phases pour mieux composer sa vie au gré de ses fluctuations.
Yoga Hormonal, une pratique plus stimulante et dynamique dont l’objectif est de maintenir un équilibre hormonal optimal en fonction de son âge et d’atténuer les désagréments liés à la baisse de production de certaines hormones.
Fertility Yoga, une pratique pour les femmes en désir d’enfant, qui tient compte des phases folliculaire ou lutéale, qui propose des adaptations de postures en fonction d’éventuelles pathologies (SOPK, endométriose…) et qui tient compte de l’étape d’un éventuel parcours médicalisé (stimulation, ponction, transfert…)
Yoga du Visage, une pratique qui permet de venir travailler en conscience sur le visage, avec des exercices ciblés, des automassages, de l’acupression.

Mais également par le massage (du corps et du visage). Avec le mélanome, je me suis beaucoup intéressée à la peau. C’est un organe incroyable.

Pour bien des gens, le massage peut paraître futile ou léger, car relié à l’univers de la beauté et du bien-être. Pourtant, les mains sont capables d’apaiser des douleurs, de libérer des émotions… Masser quelqu’un, c’est un accompagnement par le toucher, mais aussi par l’écoute. Les personnes se laissent aller, la parole se libère, elles nous confient leurs difficultés, leurs complexes. Bien au-delà d’une question esthétique, le massage est une manière d’aider les personnes à déconnecter du quotidien pour se reconnecter à leurs sensations, à être bienveillantes avec leur corps, à reprendre confiance en elles parfois.

Le massage est une vraie manière de prendre soin de soi, à titre préventif ou pour soulager certains maux. Les médecines traditionnelles indienne ou chinoise l’intègrent d’ailleurs dans leur vision holistique de la santé.

Massages du corps : drainage lymphatique, remodelage, Chi Nei Tsang (massage viscéral), massage Fertilité, massage silhouette
Massages du visage : drainage lymphatique, kobido, gua sha, ventouses, soin sur mesure

Et parce que je ne me lasse jamais d’apprendre, j’ai également suivi différentes formations sur la période de péri ménopause et ménopause, avec des approches différentes : approche naturopathique, approche plus médicale et approche ayurvédique

⭐Peux tu nous donner le titre d’un livre que tu as trouvé particulièrement inspirant ?

Ce n’est pas un livre récent… il date de 2019. Mais il a accompagné ma réflexion de reconversion. C’est « La Réconciliation : de la haine du corps à l’amour de soi » de Lili Barbery-Coulon, une ancienne journaliste reconvertie en enseignante de yoga elle aussi.

Elle y partage ses prises de consciences, sa fragilité et les rencontres qui lui ont permis d’avancer. Même si je n’étais pas dans la haine de mon corps, l’idée de me réconcilier avec mon corps faisait écho avec ce que je ressentais alors.

Elle y parle de yoga, mais pas seulement. Elle se livre sur ses troubles alimentaires, les régimes, la reconnexion avec la nature et l’éveil de sa conscience écologique, la reconversion et la joie de découvrir de nouveaux horizons…

Ça me donne envie de le lire à nouveau.